Trek Mardi Himal
Pokhara very low base camp
Direction Pokhara pour préparer notre trek dans l’Himalaya. Il s’agit d’une mignonne petite ville en bord de lac avec vue sur les montagnes, de quoi passer une journée reposante. Enfin, d’abord il s’agit d’y arriver en un seul morceau. En effet, nous avons d’abord un long trajet en bus devant nous. Le pays est connu pour ses routes désastreuses et ses nombreux accidents. Nous avons donc fait le choix de partir dans un bus de touristes où les règles de sécurité sont plus nombreuses et la conduite un poil moins dynamique. Le chauffeur a d’ailleurs pris ces règles un peu trop à cœur car nous mettons 10 heures à parcourir 200 km… Quant à l’état de la route, nous finissons par nous accorder sur le fait que même les sentiers du désert de Gobi parcourus avec Tamir étaient soyeux en comparaison. Outre l’impossibilité de dormir (rien de nouveau dans le cas de Quentin, beaucoup plus pour Juliette), boire devient un réel défi car les multiples bosses ont tendance à faire parvenir l’eau de la bouteille partout sauf dans notre bouche.
Heureusement, nous voici arrivés à 17 h à la station de bus pour touristes (évidemment uniquement des étrangers), tout douloureux, mais toujours avec la banane, toujours debout (à lire avec la voix de Renaud).
Le lendemain, après une rapide rencontre avec notre guide Raj et le contact de Juliette, nous partons à la recherche d’une veste pour notre trek avec une certaine tristesse car cela signifie dire adieu à nos beaux imperméables complémentaires de canards pour quelques jours. Avec toujours la petite voix de Jancovici dans nos têtes, nous décidons de les louer plutôt que de les acheter et ainsi sauver les apparences de notre bilan carbone désastreux. On finit par dénicher de magnifiques et odorantes vestes North Face et Columbia ne sachant pas si elles sont vraies ou fausses, la frontière étant assez floue depuis notre arrivée en Asie : on aura au moins l’impression d’être des copies bon marché de Mike Horn.
Le grand départ
C’est le jour J, nous sommes fin prêts pour le trek. Surtout que Juliette prépare le contenu de nos sacs depuis 4 jours et n’a pas manqué de demander moult recommandations médicales à ses parents.
Nous voici dans un taxi pour nous emmener au point de départ du trek après que Raj nous dit fièrement qu’il a réussi à négocier 50 centimes d’euros avec un taxi (en réalité, il a probablement fait une meilleure affaire en récupérant une partie pour lui comme le veut la coutume locale).
Nous apercevons à travers la fenêtre de multiples sommets enneigés sous un soleil magnifique. Les prochains jours s’annoncent inoubliables.
Après un rapide café, nous débutons notre trek. La première étape est assez courte, seulement 2 heures de marche pour arriver à notre premier camp : Pitam Deurali. Nous sommes accueillis par un épais brouillard, mais nous profitons des derniers rayons du soleil pour lire et boire un thé dehors. Alors que nous imaginions dormir dans des dortoirs avec douches communes, nous nous retrouvons avec une chambre et une salle de bain rien que pour nous : le grand luxe !
Juliette en profite donc pour prendre une douche quand soudain Quentin entend un cri strident : la douche est glacée. Agréable dans un sauna, beaucoup moins en montagne quand la température commence à fortement baisser le soir. Tant pis, on fait avec, ça fera un souvenir de plus.
Le soir après une rapide collation, Juliette propose un jeu de cartes. Raj ne jouant pas vraiment (et ne parlant pas vraiment anglais), nous cherchons un jeu à faire à deux et débutons une partie de rami. Enfin, ça sera après les 15 interminables minutes d’explications, grand classique des jeux de cartes. Après 5 victoires sur 6 de la part de Juliette, Quentin décide de qualifier ce jeu comme un pur jeu de hasard afin de pouvoir accepter sa défaite plus facilement. Technique également utilisée avec son frère pour le backgammon.
Le crétin de l'Himalaya
Réveil à 6 heures en ce deuxième jour. La nature offre à Juliette pour son vingt-neuvième anniversaire un sublime lever de soleil sur l’Annapurna, un des plus réputés sommets du monde.
Nous partons dans l’optique de faire 5 à 6 heures de randonnée jusqu’à arriver dans un camp dans la forêt comme indiqué dans le planning.
Nous arrivons au final seulement 3 heures plus tard au « forest camp ». On comprend rapidement que le plan ne va pas être suivi à la lettre, lorsque Raj nous annonce qu’on déjeune sur place avant de repartir pour continuer la grimpette. Malheureusement, il est très difficile d’obtenir plus d’informations en raison de son niveau d’anglais approximatif. Au moins, on mange et c’est le plus important pour Quentin. On commande le plat montagnard par excellence, le dhal bat, que les guides et autres porteurs dégustent deux fois par jour tous les jours (et ce en moins de 2 minutes chrono). Il s’agit de riz accompagné de légumes et de lentilles, mangé avec la main droite dans le cas des locaux, à la cuillère pour nous. Le repas est cependant rendu un poil moins agréable par notre crétin de l’Himalaya, un népalais qui se décide à tourner autour de notre table en fixant Quentin avec un regard de tueur pour une raison qui nous est encore inconnue.
Nous repartons vers une destination que l’on suppose être Low Camp, (l’étape du jour 3) en imagineant fièrement que nous sommes trop rapides pour le planning. Et voici qu’une fois au niveau de Low Camp, notre guide nous invite à continuer … Sachant que nous sommes dans la saison la plus touristique de l’année et que Raj ne nous paraît pas être des plus organisés, nous supposons qu’il n’a juste pas réservé et que tout est complet … Nous repartons donc un peu fatigués pour une destination inconnue. Probablement conscient d’avoir un peu merdé, Raj propose à Juliette de lui porter son sac et lui demande à plusieurs reprises si elle est fatiguée. Nous finissons d’ailleurs par remarquer que l’entièreté de ses interactions vont vers Juliette (outre l’histoire du sac et de la fatigue, il lui propose un bout de son petit déjeuner, lui parle des montagnes, prend un selfie, lui montre ses storys Facebook, des photos sur son téléphone, et ne s’adresse surtout qu’à elle …) tandis que Quentin semble parfaitement remplir le rôle de poteau.
Après environ 7 heures de marche, 1400 mètres de dénivelé positif et 16km de distance, nous voici enfin arrivés à notre destination. Un camp situé à seulement 1h de l’étape que nous sommes sensés atteindre le jour 4.
Pendant cette journée, nous avons succombé aux magnifiques paysages de l’Himalaya, la diversité offerte étant sans commune mesure avec ce que nous avons pu connaître en France : on marche dans des jungles presque tropicales avant de tomber sur des sommets enneigés très raides de plus de 7000 mètres percant une mer de nuages. Le seul problème aperçu est le même que partout en Asie : difficile de faire plus de quelques mètres sans tomber sur des emballages plastiques …
Le soir, nous profitons de l’espace commun pour discuter avec un couple de belges très sympa qui nous donnent quelques recommandations de bières pour le futur. Nous en profitons aussi pour demander conseils à leur guide qui a l’air un peu plus prévoyant, et nous aide à revoir l’itinéraire pour la suite du trek. En effet, à la fin de cette deuxième journée, nous sommes pratiquement arrivés à l’étape du jour 4. Grâce à cette discussion, nous allons pouvoir confronter Raj pour raccourcir la suite, étape la plus redoutée par Juliette.
Journée tranquille avant le grand jour
Comme attendu, nous nous retrouvons avec seulement 1 heure de marche aujourd’hui. Destination le High Camp, dernière étape avant le camp de base du Mardi Himal situé à 4 500 mètres d’altitude.
Nous profitons de cette matinée plus tranquille pour observer les paysages grandioses avant d’entamer la courte randonnée. Nous aurons même le droit à la visite de yacks, animaux vivant uniquement dans le massif himalayen, pour notre plus grand plaisir. C’est un animal vraiment étonnant avec sa ressemblance avec la vache, sa fourrure de lama et son cri plus proche de l’âne que d’un meuglement.
L’après-midi est très reposante ; on lit beaucoup (Juliette finira quasiment son livre en une journée), on discute et on se promène un petit peu. Au début, assez frustrés de ne marcher qu’une seule heure contre 7 la veille, on apprécie au final ce temps mort. Le seul regret se retrouve dans le brouillard qui recouvre l’intégralité du paysage dès le début de l’après-midi, comme très souvent dans l’Himalaya.
Ce soir, c’est coucher à 20 heures, car on doit se réveiller à 4 heures afin d’entamer la dernière étape. Alors que Quentin ne comprend toujours pas comment il est même possible de s’endormir si tôt, voici que Juliette se repose déjà paisiblement dans les bras de Morphée depuis 10 minutes …
Le jour J
04h15, nous voici déjà en route pour une heure trente de montée afin d’atteindre le camp de base du Mardi Himal. Cette fois, nous avons pu laisser nos sacs derrière nous pour les récupérer au retour, ce qui nous permet de réaliser à quel point quelques kilos font vraiment la différence dans cette situation.
L’objectif se situe à 4200 mètres de haut, soit la plus haute altitude jamais atteinte par chacun de nous deux. C’est un plaisir de se rendre compte que chaque pas est unique et que ce souvenir restera gravé dans nos mémoires.
Nous arrivons finalement quelques minutes avant le début du lever du soleil, frigorifiés mais heureux d’avoir atteint notre but. On a bu le café instantané le plus agréable de notre vie, nous permettant de réchauffer nos mains gelées.
Le soleil se lève, il ne reste maintenant plus qu’à en profiter. Le panorama qui se découvre devant nos yeux est l’une des plus belles choses que l’on aura eu l’occasion de voir pendant notre voyage et même de notre vie (pour l’instant). On se sent tout petits face à ces multiples sommets culminant pour certains à plus de 7000 mètres. Magique.
Le soleil dans le dos, nous entamons maintenant la descente pour retourner à la ville que nous avons quittée il y a 3 jours : Pokhara. Nous sommes à la fois heureux d’avoir pu vivre cela, mais un peu tristes de laisser cela derrière nous. Juliette rassure Quentin du mieux qu’elle peut en promettant qu’il pourra revivre une expérience similaire en Amérique du Sud, ou même dans les Alpes. Elle finira par définitivement ruiner son moral en l’humiliant au rami le soir même grace à sa stratégie chance légendaire.