Goa

Passera ou ne passera pas ?

Puisque trouver une place dans un train indien relève de l’exploit, c’est à nouveau en bus de nuit que nous partons pour notre prochaine destination : Panaji, dans la région de Goa. En tant que bons stressés, nous arrivons à l’arrêt de bus avec 40 minutes d’avance, tandis que notre bus, apparemment un peu moins stressé, arrive avec près de 3 heures de retard. Nous nous installons confortablement dans notre couchette deux places, quand nous nous arrêtons : le bus est en panne. C’est vers 23 h que nous reprenons la route, et il nous reste encore 530 km à parcourir sur les 550 au total. Nous arrivons enfin à destination à 15 h au lieu de 9 h 30, un retard des plus classiques en Inde. Le téléphone de Quentin nous informe que la température extérieure est de 33 °C, ressentie 41 °C, avant de s’éteindre pour cause de surchauffe. Nous avons définitivement bien changé de région !

Un appétit d'ogre

Nous récupérons les clés de notre chambre, qui est tout à fait mignonne depuis que nous avons adapté nos standards à l’Inde. Nous nous promenons un peu dans la ville avant d’aller dîner et de nous coucher tôt, épuisés par cet interminable trajet. Comme tous les soirs, Quentin commande son plat fétiche : un paneer butter massala, avec deux naans et du riz (oui oui, il récupère ses kilos perdus en Chine). Le serveur lui rit au nez en expliquant qu’on ne mange pas de riz avec ce plat et lui propose donc des naans au beurre, fromage et ail (rien que ça) à la place, avant de s’en aller, pensant que cette énorme commande était pour nous deux. Quentin est d’ailleurs toujours vexé par cette interaction.

Un heureux hasard

La région de Goa fut une colonie portugaise du XVIe siècle jusqu’à la moitié du XXe. La capitale était alors la ville d’Old Goa. C’est par cette bourgade que nous commençons notre visite de la région. Nous sommes tout de suite frappés par la propreté et le calme de la ville, comparé à tout ce que nous avons vu jusqu’à présent. Le centre est même piétonnier ! Personne ne nous klaxonnera pour rien ou ne nous roulera dessus aujourd’hui, c’est un pur plaisir ! La ville est très marquée par l’influence portugaise et nous retrouvons une concentration d’églises au km² relevant du Guinness Book. Nous visitons une première église très sobre et nous sommes amusés de voir les hindous se déchausser à l’entrée, comme ils le feraient pour rentrer dans leur temple. Nous enchaînons avec la basilique de Bom Jesus qui abrite le monument contenant les reliques de saint François Xavier, missionnaire jésuite qui participa très activement à l’évangélisation de l’Inde. Une messe est célébrée en plein air et nous sommes surpris par le nombre de fidèles présents. Nous comprenons ensuite que la foule présente n’est pas anodine : une fois tous les dix ans, les reliques de saint François Xavier sont exposées au mois de décembre, et devinez quoi, c’est cette année ! C’est donc au milieu des pèlerins que nous faisons la queue pour rentrer dans la cathédrale Sé de Santa Catarina en silence (ce qui s’avère plus difficile que prévu pour Quentin, incapable de se taire plus de trois minutes). Le corps, au demeurant très bien conservé, trône au milieu du cœur, et il règne une atmosphère assez particulière. Nous finissons notre visite par les ruines d’un monastère et une exposition d’art sur la vie de saint François Xavier. C’était vraiment une super journée. Nous avons adoré cette petite ville dont l’ambiance est vraiment très différente et agréable.

Lisbonne d'Inde

Pour notre deuxième journée, nous restons à Panaji, la capitale actuelle de la région. Toujours très marquée par les Portugais, la ville est superbe avec ses maisons colorées. En effet, seules les églises peuvent être peintes en blanc ; les maisons d’habitation sont multicolores et normalement repeintes après chaque mousson (tradition portugaise moins bien suivie en Inde) ! On retrouve régulièrement de petites statues de coq (l’oiseau national portugais) et de soldats portugais. Apparemment, les habitants continuent de les utiliser comme décoration malgré le passé colonial. Pas très rancuniers ces Indiens !

Direction la plage !


Après quelques jours de visite à Panaji, nous partons pour Palolem, ville située à 60 km plus au sud. Nous prenons le bus local ; c’est hyper simple et l’expérience est plutôt rigolote. Nous avons réservé un logement juste à côté de la plage, alors, une fois nos sacs posés et nos maillots de bain enfilés, nous partons nous rafraîchir. Enfin, cela sera après un passage dans une allée ressemblant plus à une décharge à ciel ouvert qu’à un chemin menant aux plages landaises ou basques. Nous profitons du soleil et des vagues ; nous passons un moment très agréable jusqu’à ce qu’une marchande indienne vienne voir Juliette et lui dise « Wow, you are so white ! ». Cool ! Ça fait plaisir, sachant qu’elle est déjà à son maximum.

Conduite à gauche


La plage à côté de notre logement ne répondant pas tellement aux critères de paradis de Quentin (pour divers soucis de plastiques et autres traces de vache), nous décidons d’explorer d’autres plages le lendemain. Nous louons alors un scooter pour le plus grand plaisir de Quentin, qui regrette ses années lycée accompagné de son Aprilia SR Motor 50 (toujours très fonctionnel au demeurant).
On remplit notre réservoir avec une bouteille d’essence, et on ne trouve qu’un seul casque. Une fille dans le coin, qui remarque nos têtes surprises, nous explique qu’ici le casque est obligatoire uniquement pour le conducteur. (On cherche encore la logique, peut-être parce qu’ici c’est souvent l’homme qui conduit ?) Au lieu de choisir laquelle de nos deux vies a le plus de valeur, Juliette retourne à la boutique de location et demande un second casque, ce qui provoque l’hilarité des employés, la considérant probablement pas très fun. Mais bon, la honte ne tue pas, alors que faire du scooter sans casque beaucoup plus. Quentin est ravi de retrouver ses sensations de vitesse à au moins 37 km/h, mais un peu moins lorsqu’à un croisement il pose le pied directement dans une bouse de vache, Inde oblige. On trouve une petite plage sans personne, et on profite d’être seuls pour la première fois depuis bien longtemps !
Pour notre dernière soirée à Palolem, nous allons dîner dans un restaurant thaï, Quentin ayant également atteint sa limite niveau gastronomie indienne. Alors que nous dînions tranquillement, nous levons la tête et observons des interactions pour le moins surprenantes : un couple dort (ou médite) à table, une femme seule enchaîne les bières et les cigarettes, et un autre couple se roule un joint. Pas de doute, Goa n’a vraiment pas volé sa réputation de paradis des hippies.

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