Désert de GobI

Un départ mongol

Lever à 6h ce matin car nous partons à 7h pour 4 jours d’excursion dans le désert de Gobi. Enfin, n’oublions pas qu’il s’agit d’un planning mongol, nous partons finalement 9h, car Tamir, notre guide et chauffeur, ne s’est pas levé.
Nous démarrons donc notre périple avec 300km de route, puis 150km de piste afin d’atteindre le monastère où nous passerons la nuit. Les 8 heures de route passent en réalité à toute vitesse. On s’émerveille devant les plaines à perte de vue, on zigzague entre les moutons et les chevaux, on s’arrête discuter avec les bergers sur le bord de la route, et surtout on rebondit sur chaque bosse, ce qui par la même occasion ouvre notre coffre et énerve bien Tamir (qui en profite d’ailleurs pour faire des pauses pipi « incognito » juste derrière la voiture).
Nous arrivons aux ruines d’Ongiin Khiid, un ancien monastère bouddhique. Il était auparavant l’un des plus grands monastères de Mongolie avec un millier de lamas, mais il a été détruit en 1937 lors des purges communistes. Alors que nous visitons les ruines, Tamir discute avec les propriétaires de la boutique souvenir afin de nous trouver un hébergement pour la nuit. D’après eux, toutes les yourtes du village sont complètes, mais ils peuvent nous prêter 2 lits simples. Nous sommes 5. Après moult échanges, Tamir se rend compte qu’il connaît le frère de notre hôte, c’est parfait car ce dernier vient de se rappeler qu’il a 3 lits de plus  !

Venons dormir chez vous

Nous allons donc passer la nuit chez l’habitant juste à côté du monastère. Hospitalité mongole oblige, nous sommes accueillis par un bol de lait de jument fermenté, un shot de vodka, un thé et une patte de mouton dont nous sommes contraints de couper un petit bout et de manger avec les doigts. On nous sert toutefois un vrai repas : une assiette de riz sauté à la betterave et aux carottes, le tout parsemé de gras de mouton. Tamir étant fatigué par la route, il nous abandonne auprès de 3 mongols avec qui la communication sera plus que saugrenue. Ils ne parlent pas un mot d’anglais, et nous, pas un mot de mongol. Commence alors tout une sucession de mimes et de bruitages afin d’échanger. Une fois Google Traduction lancé, ils enchaînent les blagues graveleuses, chantent leur amour pour Poutine et terminent même par faire des blagues sur les nazis à notre compagnon de route allemand … Comme quoi certaines choses n’ont pas de frontières. Au final, trinquer restant un langage universel, nos hôtes nous font descendre des verres de bières et de vodka, tout en criant Ouraa en rotant (Juliette en profitera pour expliquer que cela se dit « Santé » en français, même si personne excepté Quentin n’a relevé …).

Une journée pleine de surprises

Après une bonne nuit de sommeil sur un lit dur comme du béton, nous nous dirigeons vers le petit déjeuner : la patte de mouton nous attend toujours, mais à cela vient s’ajouter un bol de lait chaud et salé dans lequel trempent les restes du riz de la veille. Miam ! Une confiture sur la table nous fait de l’œil, Juliette croit donc pouvoir échapper à ce petit déjeuner de l’enfer avant de se rendre compte qu’elle vient de croquer dans une tartine de confiture de betterave. Finalement, le jeûne intermittent c’est pas mal.
Au moment de partir, Tamir nous informe qu’il a fait tomber son téléphone dans les « toilettes ». Si vous avez vu Slumdog Millionnaire, vous avez une petit idée de ce dont il s’agit. Autant vous dire qu’on va le laisser là où il est.
Nous partons ensuite pour 80km de piste (environ 2-3 heures) afin de rejoindre Mandal Ovoo et y déjeuner. Sur la route nous apercevons un immense troupeau de chameaux. Nous arrêtons la voiture et nous nous approchons des bêtes à pieds, c’est vraiment incroyable !
A quelques kilomètres de l’arrivée, nous entendons un gros « crac » au passage d’une bosse. Un liquide coule sous la voiture, apparemment, nous avons fissuré le réservoir de liquide de refroidissement. Nous voilà donc arrêtés dans le désert pour une durée indéterminée. En effet, Tamir nous explique qu’un mongol ne donne jamais d’estimation de temps, car on ne sait jamais ce qui peut arriver dans le désert et qu’il ne veut pas se tromper, donc autant ne rien dire. Au final, c’est 3 heures que nous passerons sur le bord de la route. Nous arrivons enfin à Mandal Ovoo, mais encore 70km de piste nous séparent de Bayanzag où nous avions prévu de passer la nuit. Un petit café, un plein d’essence et c’est reparti pour 2h30 de piste. Le soleil se couche durant le trajet et nous roulons avec un ciel de feu. La luminosité est hors du commun. On en prend plein les yeux et nous avons même la visite de quelques antilopes, renards et lapins ! On n’a jamais été si contents de perdre 3 heures et de devoir finir la route de nuit ! Même si cela signifie que l’on devra probablement sauter une étape afin d’être de retour à Oulan-Bator à temps, cette excursion est définitivement pleine de surprises et nous impose un certain lâcher prise auquel nous ne sommes pas encore habitués.
Nous atteignons Bayanzag vers 21h30 et nous approchons un camp de nomades à qui nous allons demander le gîte. Tamir négocie avec un mongol complètement saoul en lui offrant une cigarette et en le soutenant jusqu’à une yourte 5 personnes. On improvise alors une soupe avec de la viande en conserve et des nouilles puis on se couche après une sacrée journée.

Enfin des dunes !

Nous profitons de la matinée pour nous promener dans le désert autour de Bayanzag et également visiter les les falaises de feu ou « Flaming Cliffs » comme les a renommées Roy Chapman Andrews qui y a découvert pour la première fois des œufs de dinosaures dans les années 20. Aucun fossile n’est visible, car la Mongolie n’est pas en mesure de les conserver correctement. La zone est truffée de fossiles et il est apparemment courant d’en découvrir après des pluies torrentielles. Tamir est convaincu qu’en cherchant bien on pourra en trouver, il se met donc dans la peau d’un paléontologue ramassant le moindre caillou circulaire tandis que nous admirons la beauté des lieux. Après un déjeuner encore et toujours composé de mouton, nous reprenons la piste pour 170km cette fois ! Nous nous dirigeons vers le tant attendu parc national de Khongoryn Els au cœur des dunes de sable.
C’est vers 20h30 que nous atteignons notre étape la plus au Sud du voyage, et nous avons encore pu profiter d’un hypnotisant coucher de soleil comme nous en avons rarement vu.

Du sable, des chameaux et encore du sable

Après avoir avalé un bouillon de mouton en guise de petit déjeuner (dans lequel Juliette rajoute évidemment du kimchi car « c’est bon pour la santé »), nous nous dirigeons au pied des dunes où nous marchons sur une terre asséchée qui forme un magnifique carrelage d’argile. Nous enfourchons ensuite nos chameaux, dont les gaz d’échappement manquent de faire tourner de l’œil Quentin, afin de nous rendre à un autre point plus éloigné où nous commencerons l’ascension. Le paysage est splendide. On avance difficilement, le sable se dérobe sous nos pieds et la pente est rude, mais le jeu en vaut la chandelle. On passe plusieurs heures à arpenter les dunes et essayer d’atteindre une crête qui ne semble pas se rapprocher malgré nos efforts. La descente est pour le coup très rigolote, on se laisse glisser, sur les pieds, sur les fesses, on tombe etc .. c’est un super moment et on est ravis d’avoir atteint Khongoryn Els, ce qui n’était pas gagné d’avance compte tenu de l’état des routes. Nos chaussures sont tellement pleines de sable que nos pieds en sont comprimés.
On se dirige alors vers Dalandzadgad, notre dernière étape où nous retrouverons enfin une route goudronnée qui nous ramènera à Oulan-Bator.

Retour à la civilisation et aux douches


Nous sommes arrivés à Dalandzadgad vers 21h et contrairement aux souvenirs de Tamir, la ville est plutôt développée. Nous faisons le tour et ne trouvons aucun camp de yourte, probablement remplacés par des hotels (hors budget). Nous reprenons donc la route en direction d’Oulan-Bator en espérant trouver des nomades prêts à nous accueillir. Après une cinquantaine de kilomètres, toujours rien. Nous arrêtons la voiture et nous décidons de dormir sur le bord de la route. Il y a une tente 4 places pour Tamir, Genya et Merlin, nous, nous dormirons dans la voiture.
Levés vers 6h avec un très joli soleil, nous attendons que Tamir finisse sa nuit avant de reprendre la route. Heureusement qu’un nomade en moto arrive vers nous et réveille Tamir avec un café. En échange, Tamir lui offre une bouteille de vodka et une ration de combat de l’armée française périmée depuis 2022. Cette scène est lunaire. Tamir nous explique ensuite que c’est un propriétaire de chameaux, à la recherche d’un campement où emmener ses bêtes pour l’hiver.
C’est à 10h30 (ne jamais presser un mongol) que nous reprennons la route goudronnée cette fois-ci sur 600km afin de rejoindre Oulan-Bator. Nous avons reservé une auberge de jeunesse « haut de gamme » (pour 25€) avec salle de bain privative, et nous avons hâte d’en profiter. En effet, ce que l’on ne vous a pas mentionné, c’est qu’il n’y a pas de douche dans les camps de yourtes. Les mongols ne se douchent pas, et ne se lavent meme pas à l’eau, étonnamment ils ne sentent absolument pas et ont plutôt l’air propres. Même si nous avons sauvé les apparences avec des lingettes, je ne crois pas que l’on puisse en dire autant de nous… La douche risque d’être longue, d’autant plus que Juliette transporte environ 5kg de sable dans ses cheveux (et Quentin environ 3g). Rassurez-vous, on s’est quand même lavé les dents, contrairement à Tamir.
Nous en avons pris plein les yeux pendant ces 4 jours, Tamir a été un super guide et nous aura fait bien rire. On retiendra ses nombreux « Putain, mais cette route là.. elle est horrible quoi ! », et toutes ses anecdotes dont on estime la véracité à 60%. On a passé pratiquement 2 semaines avec lui, il va nous manquer.
On n’en peut plus du mouton et on a hâte de rejoindre la Chine dont la gastronomie nous correspond un peu mieux !

Un dernier mot sur la Mongolie

On a un petit pincement au cœur à l’idée de quitter la Mongolie. C’est un pays qui nous a beaucoup touchés avec une histoire très riche et une hospitalité hors du commun. Malheureusement, la situation géopolitique du pays ne présage rien de bon. Même si Mongolie fut le plus grand empire contigu du monde au XIII ème siècle, son avenir n’est pas vraiment prometteur.
Malgré ses ressources en matières premières, les infrastructures manquent et la Mongolie doit faire appel à des entreprises étrangères pour les exploiter (la Chine pour le cobalt et l’or, la France pour l’uranium …) limitant ainsi les bénéfices qu’ils pourraient en tirer. La forte corruption empêche également un développement sain.
C’est aujourd’hui un pays enclavé, entièrement dépendant de ses voisins aux régimes politiques contestables. On a pu le voir avec la visite de Poutine à Oulan-Bator début septembre : la Mongolie s’est vue contrainte de compromettre ses relations avec l’occident et renoncer ses ambitions démocratiques en raison de sa dépendance totale au pétrole russe.

2 réflexions sur “Désert de Gobi”

    1. On espère y rester 2 mois si notre extension de visa est acceptée, sinon ce sera 1 mois et demi. On peut obtenir 15 jours supplémentaires en sortant puis rentrant de nouveau.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut