Désert de La Guajira

Ça commence à faire beaucoup là, non ?

Nous partons dimanche en excursion dans le désert de la Guajira, nous devons donc rejoindre la ville la plus proche du désert : Riohacha. De Bucaramanga, nous sommes à 700 km, soit 13 heures de bus (d’après la compagnie de transport, qui s’avérera mentir légèrement). C’est donc à 6h du matin que nous embarquons, prêts mentalement pour cette épreuve. Le chauffeur de car s’arrête régulièrement pour faire monter des vendeurs ambulants de boissons et de nourriture, alors pour le petit déjeuner, nous achetons ce que nous croyons être un sandwich au fromage, mais qui s’avère être un beignet de fromage fondu à confiture de goyave, surprenant mais pas si mauvais. Le trajet se passe à la colombienne : les pauses de 30 minutes se transforment en pauses de 50, on fait quelques détours pour déposer des gens chez eux plutôt qu’au terminal, on s’arrête pour que le chauffeur puisse embrasser sa femme et son fils en chemin etc. Au final, c’est à 21h30 que nous arrivons enfin ! Un chauffeur de taxi nous interpelle immédiatement et nous propose un prix raisonnable pour nous déposer à notre logement. Mais lorsque nous nous approchons, nous constatons que ce n’est pas un taxi, mais une voiture de particulier, alors nous décidons de refuser sa course et de tenter d’attraper un taxi. Était-ce un guet-apens ou un simple mec qui veut arrondir ses fins de mois, nous ne saurons jamais, mais pour une fois, vous pourrez dire que nous avons été raisonnables comme vous nous l’avez si bien demandé !

Une belle équipe

Après une nuit dans un hôtel où nous n’avons vu personne à l’accueil et où nous avons laissé le paiement sur la table de nuit (quelle confiance !), nous allons au bureau de l’agence avec laquelle nous partons en excursion pour un petit briefing. Dans notre voiture, nous sommes 5 : une Belge flamande adepte du crossfit, qui pourrait nous mettre KO en 2 secondes, notre guide Joshua qui descend les sodas aussi vite que Juliette ne gobe les tranches de saucisson, et notre conducteur de 200 kg, José, qui change d’humeur toutes les 5 minutes, alternant entre rires complices et cris terrorisants. Bref, ça risque d’être cocasse.

Jour 1 : un peu de sel, de mer et de vent

C’est vers 9h30 que nous prenons la route en direction de notre première étape : les Salines de Manaure. Pas besoin de vous faire un dessin, ce sont des salines classiques, mais nous sommes surpris (et aussi un peu dégoûtés) d’apprendre qu’ils ajoutent un crustacé dans les eaux pour accélérer la cristallisation du sel. Crustacé qui est donc ainsi ingéré en même temps que le sel. Notre deuxième étape est la plage Arc-en-ciel où l’on peut apercevoir un arc-en-ciel lorsque les vagues se brisent sur les rochers. C’est assez joli et nous sommes rafraîchis par les éclaboussures, ce qui n’est pas de trop. En reprenant la route pour notre troisième étape, nous sommes très choqués par la quantité de déchets partout autour de nous. Nous arrivons ensuite au Pilon de Azúcar, un lieu sacré dans la culture wayúu (la communauté Colombienne qui vit dans le désert de la Guajira). D’après leurs croyances, lorsque l’on décède, notre âme se transforme en vent, et trouve refuge en haut de cette colline qui surplombe la mer. C’est pourquoi il y a tant de vent en haut ! En effet, nous sommes plus que décoiffés, mais la vue est imprenable. Nous nous baignons ensuite dans la mer des Caraïbes qui, contre toute attente, n’est pas si chaude, mais c’est parfait vu le thermomètre qui affiche 41 depuis le matin. Nous partons finalement, pour notre quatrième et dernière étape de la journée : le mirador de la tortue où nous profitons de la vue avant d’admirer le coucher de soleil au pied du phare de la Vela.

Jour 2 : des biscuits, du sable et des narcotrafiquants


Journée forte en émotions pour ce deuxième jour d’excursion. Nous partons en direction de Punta Gallina au bout du désert, mais surtout connu pour être le point le plus au nord de l’Amérique du Sud. Nous traversons des zones très pauvres où des enfants et parfois même des adultes tendent des cordes en travers de la route pour arrêter les véhicules et demander de quoi manger. Notre chauffeur avait fait des provisions, et nous donnons un petit paquet de gâteaux à chaque main tendue (on en passe une centaine quand même !). D’après notre guide, ces populations ne souffrent pas de la faim, c’est d’après lui une coutume locale d’offrir quelque chose à une personne lorsque nous allons chez elle ; et c’est ce que nous faisons en traversant le désert : nous passons chez eux. Néanmoins, cela ressemble plutôt à des péages qu’à des cadeaux de remerciement, c’est assez dur à voir et à vivre. Une fois les « péages » dépassés, nous découvrons que José le sanguin ne supporte pas de se faire rattraper, et encore pire : doubler ! Il accélère dès qu’un véhicule l’approche d’un peu trop près à son goût, même si cela signifie nous faire sauter dans tous les sens et risquer une sortie de piste. C’est le cœur à 180 BPM que nous arrivons aux Dunes de Taroa où nous mangeons avant d’escalader les dites dunes et de nous baigner. Le paysage est vraiment magnifique, et valait complètement le coup de risquer notre vie pendant 4 heures. Après ce moment rafraîchissant, nous partons vers le fameux Punto Gallina, où nous découvrons les ruines d’un phare détruit lors d’affrontements de narcotrafiquants.

Jour 2 bis : Te voy a matar ! (RIP Quentin)

Après cette belle journée bien remplie, nous arrivons à notre logement. En descendant de la voiture, Quentin a le malheur (ou la maladresse, vous finissez par le connaître) d’emporter dans sa chute un morceau en plastique de carrosserie. Sachant qu’il s’agit de la voiture de notre instable ami José, la panique monte le temps que le concerné ne découvre le pot aux roses. La colère monte, il se prend la tête entre les mains, commence à crier, nous nous lançons un dernier regard amoureux comme pour nous dire adieu, car c’est certain : Quentin ne passera pas la nuit. Nous laissons le guide calmer la situation et nous nous éclipsons dans notre chambre où nous attend une très agréable douche à l’eau de mer. Clairement, autant ne pas se laver.

Jour 3 : des passagers, de la route et une piscine

Spoiler : Quentin est toujours vivant, mais terrifié à l’idée de croiser José au petit-déjeuner. Contre toute attente, José est de très bonne composition (même si cela peut ne durer que 3 minutes). On comprend la raison : il a trouvé 2 passagers supplémentaires. Voilà de quoi réparer l’aile de la voiture. En effet, hier, lors de la pause déjeuner, il a échangé avec 2 Français qui voyagent en autonomie dans le désert et qui cherchaient une voiture pour retourner à Riohacha. C’est très sympa de faire le trajet avec eux, et nous récupérons plein de conseils pour notre prochaine destination ! Et si cela peut éviter à Quentin de se faire couper un doigt par José, c’est toujours bon à prendre. Nous roulons près de 5 heures, jusqu’au petit village de Mayapo où nous déjeunons. Nous profitons ainsi une dernière fois des magnifiques paysages qui nous entourent, mais surtout, d’une piscine au restaurant (qui nous permet d’enfin nous rincer du sel). Nous sommes de retour à l’agence vers 15h45, et nous partons rapidement vers le terminal de bus puisque nous partons en direction de Santa Marta à 16h45. Une fois au guichet pour récupérer nos billets, le vendeur nous signale qu’un bus part avant le nôtre et que nous pouvons échanger notre billet si nous le souhaitons, sachant que notre bus (pas encore parti) est déjà en retard. Nous acceptons avec plaisir et on se voit assigner des places dans le bus de 16h, alors qu’il est déjà 16h15. Je crois que nous avons enfin trouvé pire que la SNCF.

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