Huangshan
La montagne jaune qui n'est pas jaune
Après Shanghai, c’est vers Huang Shan, littéralement Mont Jaune (qui n’a de jaune que le nom) que nous nous dirigeons. Ces montagnes sont réputées en Chine pour être une source d’inspiration pour un grand nombre de peintres et d’écrivains. Elles tiennent leur nom de l’Empereur Huangdi (l’Empereur Jaune), qui s’y serait rendu afin d’obtenir un élixir d’immortalité environ 2600 ans avant J.-C.
Les fesses un peu engourdies après trois heures de train à même le sol, puisque nous n’avons pas obtenu de siège, nous arrivons à la ville de Huangshan, à environ 40 km des montagnes. Mais cette fois-ci, nous ne nous sommes pas fait avoir comme à Zhangjiajie : nous avons pris un logement à Tangkou, au pied des montagnes, et non pas dans la ville éponyme. La question maintenant : comment rejoindre ce microvillage ?
Nous prenons un bus qui nous rapproche de notre destination en espérant trouver ensuite un taxi pour finir la route. Malheureusement, aucun taxi n’accepte de nous prendre, probablement parce que notre logement est trop paumé. Nous faisons donc appel à Didi, l’Uber local. De la même manière, beaucoup refusent notre course, mais après quelques minutes de persévérance, nous trouvons une âme charitable qui nous dépose à notre hôtel.
Notre chambre est correcte. Au moins, nous avons une fenêtre. Au moment de s’endormir, Juliette est réveillée brutalement par un insecte qui lui tombe sur le visage. En allumant la lumière, Quentin aperçoit un énorme cafard, digne de ceux de Hong Kong, venir se cacher sous son lit. Impossible pour lui de dormir dans ces conditions. Heureusement, Juliette lui fait une petite place dans son lit simple. C’est parti pour une nuit bien confortable.
La tête dans les nuages
Comme vous l’avez compris, notre hôtel n’est pas des plus accessibles, mais notre hôte nous propose gentiment de nous déposer à l’entrée du parc national et nous donne un papier avec du texte et un numéro de téléphone que nous acceptons sans rien comprendre. Nous sommes très surpris par le peu de monde dans le parc. Rien à voir avec les autres lieux touristiques que nous avons vus jusqu’à présent. Nous commençons donc l’ascension du mont, plus de 1000 m de dénivelé uniquement de marches que nous gravissons en moins de 2 heures, la météo aidant. En effet, il ne fait que 8 degrés et nous sommes dans un épais brouillard qui nous glace le sang et qui ne nous permet pas de profiter de la vue, alors autant se réchauffer en marchant ! (D’autant plus que nous ne sommes vêtus que d’un short et d’un imperméable.)
Arrivés au sommet, nous ne voyons toujours absolument rien, nous sommes trempés et congelés. Nous trouvons un vendeur ambulant à qui nous achetons une boule de riz gluant pour nous sustenter ainsi que deux œufs durs… Malgré ces conditions peu agréables, l’atmosphère du lieu est toutefois très paisible et nous passons un très bon moment à nous promener de belvédère en belvédère même si la vue reste bouchée. Avant d’entreprendre la descente, nous trouvons un vendeur de thé qui nous permet de récupérer l’usage de nos doigts complètement engourdis par le froid. De retour à notre point de départ, le papier donné par notre hôte nous revient en mémoire et nous entreprenons une traduction plus que compliquée. Nous finissons par comprendre qu’il nous a rédigé un mot à donner à un passant sur lequel il est écrit « bonjour, pouvez-vous appeler tel numéro et indiquer notre position exacte s’il vous plaît ? » Vraiment trop mignon et bien pensé. Nous nous dirigeons donc vers un couple que Quentin interpelle en leur disant « merci » puisque nous ne savons pas dire « pardon » en chinois. Nous leur tendons le mot, ce à quoi la femme nous répond dans un français impeccable : « Euh, vous parlez français ? » C’est avec des yeux de merlan frit que nous acquiesçons et elle appelle notre hôte.
Pourquoi faire la queue quand on peut doubler ?
Pour notre deuxième jour dans le parc, nous avons décidé d’explorer un autre mont. Cette fois-ci, nous prenons un téléphérique car l’ascension à pied est très longue (environ 7 heures). La queue est interminable, d’autant plus que nous nous faisons doubler de tous les côtés. Même les épaules de camionneur de Juliette n’arrivent pas à barrer la route à ces effrontés. Une fois au sommet, la file indienne est toujours de mise… La météo s’étant nettement améliorée, les chemins sont noirs de monde. Nous avançons à petits pas et restons même parfois à l’arrêt. Ajoutant à cela les doubleurs compulsifs qui continuent de nous passer devant malgré nos acrobaties pour les arrêter, autant vous dire que ce n’était pas exactement la balade bucolique à laquelle nous nous attendions. Nous décidons donc de prendre des chemins avec un peu de dénivelé afin d’éliminer le troisième âge, les mous du genou et les enfants. Au final, c’est 4 heures que nous marchons, les vues sont à couper le souffle, et nous décidons de reprendre le chemin de la veille afin de voir ce que avons raté.
Une étape imprévue
À l’origine, nous n’avions pas prévu de nous rendre à Huangshan. Nous avons été contraints de modifier notre parcours car nous n’avons pas obtenu de billets de train pour Guilin. La première semaine d’octobre est communément appelée « Golden Week » en Chine car c’est une succession de jours fériés. L’ensemble de la nation est en congés simultanément. Les logements, les transports et les lieux touristiques sont pris d’assaut. Même en réservant notre train trois semaines en amont, aucun billet n’était disponible. Nous avons donc renoncé à Guilin et nous avons jeté notre dévolu sur Huangshan. Nous craignions un peu que ce soit similaire à Zhangjiajie, mais au final les décors sont assez différents, surtout l’atmosphère. Nous avons beaucoup aimé le côté mystique des lieux, et même si nos jambes nous font actuellement souffrir, ça valait le coup !