Karakorum
On nous avait donc pas menti ...
Pour partir en direction de notre prochaine étape, nous avions réservé le seul bus de la journée à 11 heures sur une obscure application locale. Premier souci, le terminal d’où est censé partir le bus ne correspond pas à ce que nous a expliqué notre futur hôte. Tant pis, nous décidons de faire confiance à notre billet de bus.
Google Maps nous annonçant environ 40 minutes de voiture, embouteillages compris, Quentin, toujours stressé, propose de partir 2 heures avant car « on ne sait jamais » : nous nous retrouvons donc dans un taxi à 9 heures.
La première moitié se déroulant beaucoup trop bien, et connaissant notre malchance en matière de transport, voilà que notre taxi se retrouve dans les bouchons sur la seule route nous permettant d’atteindre la gare. Après 30 minutes d’embouteillage et seulement quelques centaines de mètres parcourus, nous jetons un coup d’œil sur le téléphone : Maps annonce que nous arriverons au mieux 5 minutes avant le départ du bus quotidien, soit aussi rapidement qu’à pieds… Ça commence à sentir le roussi. Nous prenons donc notre destin en main et quittons le taxi pour alterner course et marche pendant 40 minutes sur 5km avec tous nos sacs, l’adrénaline nous permettant de tenir le coup.
Au final, nous arrivons avec vingt minutes d’avance (toujours pas suffisant pour Quentin), heureux mais en nage dans nos vêtements. Le chauffeur du bus se permettra même de se moquer du dos rempli de sueur de Juliette, ce qui fera rire Quentin (trop) longtemps.
L’américain rencontré 2 jours avant n’avait donc pas menti : si on a un horaire à respecter à Oulan-Bator, il faut toujours partir à pieds, peu importe la distance, car la route est imprévisible !
Le trajet en bus de six heures se déroulera sans accroc particulier, excepté le chauffeur qui décidera de faire des pauses, à durée aléatoire, incessantes pendant le trajet : apparemment, en Mongolie, on sait très bien prendre son temps !
Première expérience en yourte
Nous sommes accueillis au portail par Agata, notre hôte (et employeuse) et son fils Victor (3 ans), qui nous présentent notre maison pour la semaine. En effet, nous avons prévu de travailler dans cette famille pendant une dizaine de jours en contrepartie du gîte et du couvert. De quoi en apprendre plus sur la culture mongole au sein même d’une famille, ainsi qu’amortir nos dépenses en Europe. Après un bref thé, Agata nous emmène devant notre Ger (les yourtes mongoles) où nous déposons nos affaires. Nous sommes très heureux d’avoir l’opportunité de pouvoir dormir à la mongole, même si cela implique de faire nos adieux à l’électricité, aux matelas et à d’autres commodités. Cela nous permet aussi de nous rapprocher de la nature en cohabitant avec de nombreuses araignées, et en nous imprégnant d’un délicieux fumet « mouton ».
Ne sachant pas si nous sommes censés dîner avec nos hôtes (Agata, malade s’étant rapidement couchée, et Tamir son mari étant toujours absent), nous partons en direction de notre premier vrai restaurant mongol du séjour.
Une fois assis, nous commandons un milk-tea, une sorte de thé sucré au lait, que nous avons toujours apprécié à Hong-Kong ou en Thaïlande. La serveuse nous ramène alors notre première surprise culinaire, un grand verre de lait, avec une goutte de thé et… plein de sel ! C’est très spécial et franchement pas très bon. Les plats ne seront au final pas meilleurs, les deux ayant une forte quantité de mouton : un goût très fort auquel nous ne sommes pas vraiment habitués en Europe. Tant pis pour cette première expérience, au moins nous aurons découvert quelques plats à ne pas recommander.
Agata et Tamir
Une fois rentrés au logement, nous allons saluer Tamir que nous n’avons pas encore pu rencontrer. Il est en train de boire une bière accompagné de cacahuètes et d’un autre français du nom de Didier, un sexagénaire vivant en Mongolie depuis déjà quelques années et ayant passé la majorité de sa vie en Asie.
Ce très sympathique apéro nous permet d’en apprendre beaucoup très rapidement sur le pays, mais également sur nos hôtes: Tamir (artiste mongol de 48 ans) et Agata (polonaise de 30 ans) gèrent un centre d’art dans Karakorum où Tamir présente d’ailleurs ses propres œuvres de calligraphie (on aura même la chance d’en recevoir une en cadeau). Ils ont une vie très particulière avec des allers retours entre l’Europe et la Mongolie. Ils ont un mode de vie nomade mais moderne. Ils passent l’été en Mongolie, et se rendent en Europe pour passer l’hiver. Tamir ayant étudié l’art en France, parle extrêmement bien français, ce qui lui permettra de passer des heures à nous raconter différentes anecdotes sur sa vie, le pays ou même la spiritualité. On retiendra plusieurs anecdotes sympathiques comme le fait qu’il ne faut jamais partir en voyage un mardi car ça porte malheur, que les chinois ne sont pas humains et que ce n’est d’ailleurs pas interdit par la loi de les tuer, que l’air moisit dans les coins des pièces carrés, c’est d’ailleurs pour ça que les Gers sont circulaires, que manger des légumes est cancérigène et bien d’autres histoires encore. Même si on prend ses anecdotes avec beaucoup de recul et d’humour, discuter avec Tamir est souvent très intéressant, et nous en apprend beaucoup plus sur la culture que n’importe quel guide que l’on pourrait lire.
Au boulot !
Lors de notre première journée de travail, nous rencontrons Genya, une Russe qui travaille également ici depuis quelques jours et va nous accompagner durant tout notre séjour. Nous en profitons pour poser quelques questions sur nos futures tâches, ce qui nous fait rapidement comprendre que nous n’aurons jamais de listes ou d’instructions claires. Ici, c’est au feeling, « à la mongole ». Les agendas et plannings, ça doit rester en Europe. Nous commençons donc par un peu de ménage et la préparation des yourtes pour accueillir les clients qui arriveront le soir. Nous prenons une brève pause pour le déjeuner et nous avons l’heureuse surprise de nous retrouver littéralement nez à nez avec une tête de mouton au milieu de la table. Agata étant malade et ayant mal à la tête, elle mange une tête de mouton pour soigner ses maux. Logique non ? Nous sommes invités à en partager un morceau, nous voilà ravis. La journée est sacrément chargée et nous enchaînont sur des heures de cuisine pour le dîner.
Le reste de la semaine sera plus calme, nous faisons à minima 2 heures de vaisselle par jour et nous réalisons également de petits travaux à droite à gauche : déplacer des meubles, monter des meubles, boucher les trous du jardin etc ..
Au final c’est une semaine que nous passerons à travailler pour Agata et Tamir, même si le travail n’était pas passionnant, nous avons beaucoup aimé être intégrés dans une famille et partager avec eux leur quotidien, ainsi que leurs repas même si on se passerait bien de leurs soupes de gras de mouton.
C'est parti pour l'aventure !
Nous profitons de nos maigres heures de pause pour planifier (même si ce mot semble interdit en Mongolie) la suite de notre voyage. Nous aimerions partir dans le désert de Gobi en excursion, et une agence nous propose un circuit qui nous semble pas mal. Nous demandons donc l’avis de Tamir qui nous propose tout simplement de nous y emmener lui même (et pour moins cher en plus) ! Nous sommes ravis de cette proposition et nous acceptons immédiatement. Genya decide de se joindre à nous et invite un de ses amis allemand également. C’est donc décidé, nous partirons tous les 5 mardi matin, mais attention ! Partir un mardi porte malheur, alors il nous faudra mettre l’ensemble de nos bagages dans la voiture lundi et passer le portail. Si ça peut nous permettre de ne pas mourir desséché dans le désert…