Katmandou
Après un mois et demi à parcourir la Chine dans tous les sens, nous voici arrivés à Katmandou, capitale du Népal. Nous avons pris un logement pour une semaine afin de nous reposer, nous imprégner de l’atmosphère et organiser la suite du voyage..
QUEL PLAISIR DE COMPRENDRE ET DE SE FAIRE COMPRENDRE !
C’est en effet l’une des premières choses qui nous marquent. Tout le monde parle un anglais grammaticalement impeccable, que ce soit le douanier, le chauffeur de taxi ou la gérante du boui-boui où nous mangeons. Finis les mimes, finies les phrases sans structure, fini Google Trad ! En revanche, pour ce qui est de l’accent, on ne peut pas en dire autant. Heureusement, en tant que bon ingénieur, Quentin a suivi de nombreux cours YouTube avec des professeurs indiens. Il maîtrise donc parfaitement l’accent et peut faire office de traducteur. Après le passage de la frontière avec un douanier très aimable (au premier degré), nous montons dans un taxi réservé auprès de notre hôtel afin de ne pas nous faire avoir. En effet, c’est à l’inverse ce que Quentin redoute le plus. Ici, tout se négocie, autant dire que c’est Juliette qui s’occupera des achats dorénavant. Quentin ne supporte pas l’idée de devoir tout négocier, jusqu’à une bouteille d’eau.
Notre hôtel est en plein cœur du quartier de Thamel, le quartier commerçant de la ville. Les étroites ruelles sont jonchées de boutiques de souvenirs, de vêtements d’alpinisme et de voyagistes. Nous en profitons donc pour faire une étude de marché des treks, mais nous en ressortons plus perdus qu’au départ. En effet, nous entendons tout et son contraire : certains nous parlent de trois jours de marche, d’autres de six. On nous propose des forfaits à 150 USD par personne, d’autres à 525 USD. Difficile de démêler le vrai du faux. Nous nous laissons donc la nuit pour réfléchir. De retour à notre hôtel, nous avons la surprise de ne plus avoir d’eau dans la salle de bain. Quentin part se renseigner : en effet, les coupures d’eau sont monnaie courante. Bon, ben pour la douche, on repassera…
PS : l’eau est revenue plus tard dans la soirée heureusement.
Namaste par-ci namaste par-là
Pour notre première journée à Katmandou, nous partons à la découverte du quartier de Swayambunath. Perché au sommet d’une colline, se trouvent le temple bouddhique éponyme ainsi que le plus ancien stûpa de la vallée. En bons élèves que nous sommes, nous faisons le tour du stûpa dans le sens des aiguilles d’une montre et admirons la vue sur la ville. L’agitation au sein de ce sanctuaire est assez surprenante, ça grouille dans tous les sens. Entre bouddhistes, hindous, touristes et singes (l’endroit porte également le nom de Monkey Temple au grand dam des religieux), nous nous déplaçons au milieu d’un brouhaha permanent. Après cette promenade peu propice à la méditation, nous nous arrêtons dans une gargote où nous commandons un déjeuner pour un prix imbattable : 270 roupies, soit 1,85€. Nous prenons place, accompagnés d’une chenille qui se promène sur notre table, et d’un rat qui file entre nos pieds. Quentin reçoit une assiette de chowmein (des nouilles sautées aux légumes), Juliette qui avait commandé en sélectionnant au hasard une photo décolorée sur le menu, se retrouve avec une assiette de chatpate : un mélange de riz soufflé et de légumes CRUS le tout bien épicé. Ne voulant pas paraître méfiante et impolie, elle décide de tout manger, même les crudités en priant pour ne pas finir la tête dans les toilettes.
Yes Man
Le système immunitaire de Juliette résistant à toutes épreuves (le futur lui donnera tort), nous enchaînons sur une deuxième journée à Katmandou. Aujourd’hui, nous rencontrons Raj Gurung, qui sera notre guide lors de notre trek la semaine prochaine. Nous nous accordons sur le programme et nous partons faire notre permis de trek avec lui. La communication n’est pas évidente, car il répond « ok » à toutes nos questions. Un éclair de génie nous remémore ce que nous avons lu dans notre Routard : les Népalais ne disent jamais non. Il faut donc impérativement poser des questions ouvertes pour obtenir une vraie réponse. Petit exercice de langue pas si facile à faire tout compte fait ! Autre fait linguistique surprenant, le merci n’existe pas au Népal. Pour le coup, bravo papas et mamans, vous avez fait du très bon travail car nous n’arrivons pas à prendre le pli. Malgré une semaine d’immersion, nous continuons de dire merci lors de nos interactions, ce à quoi les Népalais n’ont pas vraiment de réponse.
Une matinée avec Bouddha
Lors de cette troisième journée à Katmandou, nous avons prévu une excursion à Bodnath, puis à Pashupatinath. Bodnath, aussi appelée Bauda ou même Bouddha, est une petite ville de la vallée à 5 km de Katmandou où se trouve le plus grand stûpa du pays. Pour nous y rendre, nous avons lu qu’il y avait des départs très fréquents en bus depuis un parc. Une fois arrivés au parc, il y a une multitude de véhicules qui ressemblent plus ou moins (plutôt moins) à des bus, mais aucun panneau de direction, de ligne de bus, ou même juste de plan… Juliette fait donc le tour des chauffeurs pour en trouver un qui nous emmènerait à Bodnath tandis que Quentin, un peu désabusé, commence à chercher un taxi. Au final, nous trouvons un tout petit mini-van dans lequel nous nous entassons à 12 sur des bancs aménagés dans le coffre. Le trajet est plutôt rapide, et c’est tant mieux ! Nous sommes pliés en deux, et la porte étant ouverte en permanence pour faciliter les montées et descentes, Quentin manque de finir sur la chaussée à chaque freinage. Ce trajet nous a bien mis dans l’ambiance et nous sommes prêts à découvrir la vallée. Le stûpa de Bodnath mesure plus d’une centaine de mètres de diamètre et l’on peut s’y promener librement. Enfin, il semblerait qu’il y ait un guichet d’entrée, mais nous sommes arrivés par le côté opposé, l’entrée nous était donc gratuite (très curieux comme fonctionnement). Après cette belle découverte, nous nous dirigeons vers le monastère de Shechen, vaste complexe réalisé en réponse à la destruction du monastère de Shechen au Tibet. Aujourd’hui, encore 400 moines tibétains y vivent et nous avons pu assister à une prière.
Puis un après-midi avec Shiva
L’estomac bien rempli après un copieux déjeuner local composé d’un curry de légumes, de momos frits et de chowmein, nous partons en direction de Pashupatinath, l’un des lieux les plus sacrés du pays. La rivière qui traverse la ville (le Bagmati et non Basmati) étant un affluent du Gange, elle est sacrée. Ses rives sont ainsi bordées de bûchers à crémations, la cérémonie à Pashupatinath ayant la même valeur qu’à Varanasi. Nous évoluons donc dans ce sanctuaire hindou au milieu des ascètes et des vaches sacrées. Comme attendu, nous apercevons deux bûchers enflammés, mais aussi des hommes dans l’eau qui semblent draguer le fond de la rivière. Les morts étant incinérés avec leurs bijoux, des orpailleurs d’un nouveau genre les récupèrent sous les yeux des familles endeuillées : très surprenant de notre point de vue. C’est aussi la première fois du voyage que nous ne nous sentons pas très à l’aise dans un lieu de culte. Les églises, monastères, mosquées, et multiples temples bouddhiques que nous avons visités jusqu’à présent étaient tous sans exception des lieux paisibles qui inspirent confiance et respect. A l’inverse, nous nous sentons un peu oppressés ici, il a beaucoup de monde, c’est bruyant, tout est très sale, et les regards qui nous sont portés ne semblent pas bienveillants. Nous décidons donc de rentrer a Katmandou, et il faudra que l’on se renseigne sur la religion hindouiste, car nous avons probablement mal interprété ces signes.
Rencontre avec une déesse
Réveil matinal ce quatrième jour pour nous rendre au Durbar Square. À l’origine place royale où se tenait la cour jusqu’en 1886, c’est aujourd’hui un ensemble de temples hindous et d’anciens palais royaux, mais surtout le lieu de vie de la Kumari. Malheureusement, la plupart des édifices ont été détruits lors du tremblement de terre de 2015 et sont toujours en cours de reconstruction. Le complexe reste néanmoins très vaste et intéressant. Alors que nous prenions en photo la Kumari Ghar (la maison de la Kumari), Quentin remarque que la porte est ouverte et qu’il est apparemment possible d’entrer. Très étonnés mais très curieux, nous entrons dans une cour intérieure et les portes se referment derrière nous. Un homme apparaît alors à la fenêtre du premier étage et demande à la cour (dans tous les sens du terme donc) de ranger son téléphone car la Kumari va se présenter dans quelques instants. La petite fille d’à peine 9 ans se tient alors à la fenêtre et nous observe avec un certain désintérêt de ses yeux soulignés par un épais trait de khôl. La Kumari est une petite fille vénérée en tant que déesse vivante. Sélectionnée sur des critères physiques un peu vagues comme avoir une ombre dorée, avoir les cheveux raides, noirs et tournés vers la droite, ou encore avoir un corps en forme de feuille de saptacchata, elle est considérée comme l’incarnation de Taleju. Son règne démarre au moment où elle perd sa première dent de lait et se termine le jour de ses premières règles. Elle apparaît à ses fidèles une fois par jour pendant 1 minute entre 9h et 17h, alors il faut s’armer de patience ou bien être très chanceux comme nous pour espérer la rencontrer. La vie d’une Kumari est assez unique, elle vit cloîtrée dans ce palais et ne sort que 2 à 3 fois par an, notamment pour bénir le président. Considérée comme omnisciente (en même temps c’est une déesse), elle ne recevait pas d’éducation jusqu’en 2005.
Une journée calme
Pour notre cinquième et dernière journée complète à Katmandou, nous profitons du temps que nous avons pour faire quelques achats. Nous tombons sur une vendeur de chaussons en laine de yak qui parle français, avec un très fort accent marseillais, c’est très étonnant mais il nous fait bien rire !
Comme nous l’avons expérimenté tous les jours depuis le début de la semaine, des hommes proposent à Quentin de la drogue à tous les coins de rue en lui chuchotant très sensuellement à l’oreille « weed », « smoke », « marijuana », et une tonne de synonymes. Pourtant, avec son doudou sur son sac à dos, il n’a pas vraiment la tête de l’emploi !
Nous commandons des momos pour le déjeuner et réalisons que Quentin est toujours servi en premier. Peu importe les plats que nous commandons, c’est toujours lui qui reçoit le sien une bonne dizaine de minute avant celui de Juliette. A croire qu’ici la galanterie n’existe pas ! On attend de voir s’il s’agit d’une simple coïncidence ou bien si les Népalais ont une dent contre Juliette.
Maintenant il nous faut boucler nos sacs, puisque nous prenons le bus en direction de Pokhara demain matin. Le départ est à 7h, et on a lu que le trajet de 200km durait entre 6 et 12 heures en fonction du trafic et de l’état des routes, alors souhaitez nous bonne chance !
Enfin le doudou de Quentin 😍😍😍