Munnar
34 heures de trajet, pour ... 900km
Après ce voyage dans le temps à Hampi, nous nous rendons à Munnar, au Kerala. Nous redoutons un peu le trajet qui nous attend puisque nous enchaînons deux bus de nuit. En effet, les deux villes étant très éloignées, il n’existe pas d’itinéraire direct. Nous prenons donc un premier bus de nuit pour Bangalore où nous sommes lâchés à 5h30 dans une ville encore endormie. Ne sachant pas trop quoi faire à cette heure si matinale, nous nous dirigeons vers un parc pour nous dégourdir les jambes. Pour une raison qui nous est encore inconnue, il n’y a pratiquement jamais de bus de jour en Inde ; notre prochain bus, qui nous emmènera à Munnar, part à 22h. Autant dire que la journée va être longue !
Après plus d’un mois en Inde, nous devenons ces touristes que nous jugions il y a encore quelques mois : nous profitons des grandes villes pour ne pas manger local. On commence alors par un vrai café sans lait ni sucre (chose très rare en Inde) au Starbucks (sans commentaire). Ayant perdu nos habitudes et petits êtres fragiles que nous sommes, on se retrouve très vite bourrés à la caféine, tremblotants, en tachycardie et euphoriques. C’est dans cet état que nous partons déjeuner dans un restaurant italien.
Après une (nouvelle) courte nuit en bus, c’est à 5h45 que nous sommes déposés à 60 km de Munnar pour prendre un van et enchaîner sur trois heures de route en montagne.
Le Kerala tant attendu
Nous voici donc arrivés à Munnar, ville perchée dans les montagnes et réputée pour ses plantations de thé parmi les plus hautes d’Inde. La région du Kerala est un peu le Graal de notre périple indien. En effet, c’est la région dont tout le monde nous a fait les éloges et nous avons tenu bon principalement pour la découvrir.
Afin de mieux appréhender les paysages qui nous entourent, nous nous dirigeons vers le musée de la ville. Autrefois recouverte d’une épaisse jungle peuplée d’éléphants et de tigres, c’est à la fin du XIXe siècle que les Britanniques entreprirent les premières cultures dans la région. Ils essayèrent plusieurs plantes comme le café ou la cardamone avant de se rendre compte que le thé était parfaitement adapté à cet environnement. Aujourd’hui, c’est plus de 24 000 hectares de plantations qui recouvrent la région, ce qui représente environ un quart de la production nationale (elle même représentant 40% de la production mondiale).
Les biquettes et du thé
Comme à chaque fois que l’Homme façonne le paysage, la faune et la flore locales sont menacées. Il existe donc dans la région plusieurs parcs nationaux pour permettre à ces espèces de perdurer. Nous avons alors visité le sanctuaire d’Eravikulam où gambadent des tahrs, bouquetins endémiques de la région. Le parc est immense et nous n’avons pu accéder qu’à une toute petite partie (de 30 minutes de marche sur du goudron), frustrant, mais rassurant quant à la protection des autres espèces beaucoup plus sauvages (tigres, éléphants ou gaurs, les plus gros bovidés terrestres).
Même si les paysages de plantation de thé se suffisent à eux-mêmes, nous partons à la découverte d’une usine de thé. Notre ticket en poche, nous nous installons sur un banc afin d’attendre le début de la visite quand, tout à coup, l’alarme incendie retentit ! Tous les ouvriers sortent en courant et nous sommes évacués dans la cour. Heureusement, il ne s’agissait que d’un exercice ! La visite démarre, et notre guide parle très vite et avec un fort accent, nous comprenons environ 30 % (dans la moyenne de notre séjour); Wikipédia prendra le relais. Nous sommes choqués par les normes de sécurité : les ouvriers sont en tongs et parfois pieds nus, au milieu d’énormes machines.
Nous avons droit à une dégustation de thé pour apprendre à différentier thé blanc, thé vert, thé noir etc… Force est de reconnaître que la réputation du thé blanc est amplement méritée !