New Delhi
Rendez-vous en terres polluées
Après un bref voyage en train d’un surprenant confort, nous voici arrivés à 13h à New Delhi, capitale de la région de Delhi et du pays lui-même. À peine arrivés, nous découvrons que la gare se situe juste à côté de l’un des principaux points d’intérêt de la ville. Connaissant le risque encouru à ne pas nourrir Juliette, Quentin décide de faire un petit tour vers un stand de street food avant de commencer la visite. Notre estomac demeurant toujours invaincu, nous nous sentons pousser des ailes et tentons même un repas avec des légumes crus (donc probablement lavés avec une eau digne de la propreté du Gange). Prions pour que cela se passe bien…
En attendant le verdict final, nous voici face aux tombeaux d’Humayun. Second empereur moghol (donc d’origine mongole mais de tradition perse), il s’agit également du grand-père de Shâh Jahân qui lança la construction du Tâj Mahal. Les six premiers empereurs moghols ont eu droit à un tombeau gigantesque, et celui d’Humayun est le plus grandiose. Nous sommes très impressionnés par la beauté de l’architecture, mais également des jardins : ici, le marbre et le grès côtoient les palmiers, nous laissant presque une impression de Maghreb. En parlant de jardin, on croise également le jardinier des lieux qui se découvre un talent de guide et commence à nous promener dans les différentes tombes sans nous demander notre avis (évidemment). Il demandera à la fin un pourboire (évidemment). Tiens, encore un air de Marrakech.
Nous nous dirigeons maintenant vers notre hôtel qui se révèle l’endroit le plus sale dans lequel nous ayons eu à loger jusqu’à maintenant avec des images plus que non contractuelles affichées auparavant sur Booking. C’est finalement un peu à l’image de ce que nous découvrons depuis le début du voyage. L’image que l’on a de l’Inde n’est pas fausse, les rues sont d’une odeur et d’une saleté sans pareilles au monde (et de très loin) avec des détritus à tous les coins de rue, des bouses de vaches, des rats, etc. Les gens ne semblent pas comprendre le problème et jettent tous leurs détritus au sol comme si de rien n’était. Quant à la pollution, elle nappe Delhi d’un nuage épais digne de ce que l’on peut trouver (naturellement) dans l’Himalaya. À peine arrivés depuis dix jours, nous multiplions toux, maux de gorge et de tête. Nous n’arrivons pas à expliquer qu’à seulement quelques centaines de kilomètres de là, au Népal, dans un pays encore plus pauvre, les rues sont bien plus propres et agréables.
Kabaddi kabaddi kabaddi
Dans la soirée, nous rejoignons Mathurin, un ami d’école de Quentin qui est aujourd’hui en VIE en Inde depuis plusieurs mois. Pour notre première soirée dans la ville, il nous propose d’aller voir avec des amis à lui un match du championnat de première division de Kabaddi. Quentin, se souvenant avoir déjà vu une vidéo humoristique sur le sujet, propose à Juliette de s’informer sur les règles. Il s’agit d’un jeu de deux équipes s’affrontant dans une sorte de trappe-trappe pour adultes. À tour de rôle, un joueur d’une équipe rentre dans le terrain de jeu de l’autre afin d’essayer de toucher un des joueurs adverses et de s’échapper sans se faire plaquer tel un joueur de rugby. Nous passons un super moment dans les tribunes et sommes assez impressionnés par la ferveur populaire du public pour ce sport. Nous finissons même par passer dans les grands écrans du stade en faisant semblant d’hurler de joie lorsqu’une équipe gagne un point. Le malaise fut évidemment extrêmement présent. Nous prions ensuite pour que le caméraman ne revienne plus jamais vers nous. Malheureusement, il a l’air de nous apprécier…
Pour la suite de la soirée, c’est troisième mi-temps avec Mathurin et ses potes. Nous en profitons pour goûter notre première bière indienne, et verdict : c’est absolument immonde. Ce n’est donc pas ici qu’on goûtera notre première bonne bière depuis des mois…
Voyage spirituel en terre Sikh et musulmane
Pour le deuxième jour, après un très bon repas Birman avec Mathurin, nous visitons le musée des premiers ministres. Derrière ce nom un peu barbant on retrouve un musée sympathique nous permettant d’en apprendre un peu plus sur l’histoire moderne du pays (Nerhu, Indira Gandhi, etc.). C’est très intéressant et ça nous permet d’échapper à la pollution, un bon combo !
Au troisième jour, nous souhaitons visiter l’un des principaux temples sikhs de la région. Ne connaissant cette religion qu’à travers les personnes portant leur fameux turban à Londres, nous espérons pouvoir en apprendre plus sur ce culte unique. Arrivés devant le temple, une personne portant justement ce type de couvre-chef se propose de nous guider jusqu’à l’entrée. Il nous explique que nous sommes chanceux car aujourd’hui est un jour important de festival pour les sikhs. Habitués à l’arnaque, Quentin le surveille suspicieusement, mais au final, il s’agissait uniquement d’une gentille personne souhaitant nous aider. Nous commençons déjà à avoir une bonne image de cette religion ! Une fois sur place, nous sommes impressionnés par la foule, mais également par le respect des gens sur place. Ici, les personnes font bien la queue, et tout se passe très bien. Les gens chantent et prient dans une ambiance festive. Et tout autour d’une sorte de lac artificiel, on retrouve des stands de livres, de colliers, etc. Et la plupart des choses sont gratuites ! On découvre même à la fin qu’ici la nourriture est offerte gratuitement à la population et qu’on peut même apprendre à cuisiner avec eux ! Nous découvrons que bien qu’originaire du même continent, le sikhisme n’a que peu de rapport avec l’hindouisme. Il s’agit d’une religion monothéiste où l’égalité est au centre de tout. Pas de distinctions entre les hommes et les femmes, nous portons tous de superbes turbans (enfin cela ressemble surtout à un bandeau de pirate dans le cas de Quentin) ! Ces deux heures sur place sont très agréables et nous gardons un très bon souvenir de cet endroit. Juliette est à nouveau à deux doigts de se convertir…
L’après-midi, nous visitons cette fois-ci la plus grande mosquée d’Inde. La population musulmane est majoritaire dans les alentours et nous avons l’impression de nous retrouver une fois de plus à Marrakech avec la foule, les commerces ou les brochettes, etc. Une fois de plus dans un style plus proche des mille et une nuits que de l’Inde, la mosquée est grandiose et nous sommes heureux de pouvoir la visiter. Elle nous offre même une belle vue sur le fort rouge d’Agra, construit une nouvelle fois par ce Shah Jahal… Le seul point noir se retrouve une nouvelle fois dans ce côté un peu suffocant que l’on a déjà vécu à plusieurs reprises en Inde. Ici, on a eu droit à une bonne dizaine de personnes faisant la queue (!) pour se prendre en photos avec nous sans réellement nous demander le consentement.
Journée culturelle sur l'hindouisme
Dernier jour complet à New Delhi, il est enfin temps de visiter un temple hindou. Nous nous dirigeons donc vers le plus grand des environs portant un nom avec encore une fois trop de syllabes : Swaminarayan Akshardham Temple. Nous avons affaire à une sécurité digne d’un aéroport et, au moment de donner son téléphone, Quentin verse une petite larme de ne pas pouvoir vérifier le résultat du combat de boxe de Mike Tyson pour les prochaines heures. Outre les smartphones, la liste des choses interdites est assez aberrante : journaux, livres, noix de coco…
Construit très récemment (2005) en l’honneur d’un gourou hindouiste du XIXe siècle, l’endroit est une nouvelle fois entièrement en marbre. Bien que n’ayant pas le charme des anciens temples que l’on espère trouver dans le Sud, nous sommes impressionnés par le travail d’architecture et de sculpture. On retrouve des milliers de statues incurvées dans les colonnes, les coupoles, etc., dans un style unique. Le temple quant à lui repose sur une impressionnante estrade de 5 mètres avec plus de 100 éléphants sculptés quasiment grandeur nature entièrement en marbre. Il s’agit d’une histoire sur l’importance des éléphants dans la culture hindoue. L’événement de la matinée pour Juliette est cependant l’arrivée d’un touriste occidental qui, au lieu de se déchausser, préfère se ramener avec deux énormes sacs poubelles autour des pieds. À la vue du monsieur se baladant maladroitement dans le palais, Juliette se tapera un fou rire de plusieurs minutes comme elle en a le secret…
Nous passons la soirée dans une famille hindoue pour apprendre à cuisiner local. L’expérience est agrémentée de petites activités comme une sympathique visite d’une étable avec une centaine de zébus (dont certaines mamans effrayantes quand il s’agit de protéger les veaux), des quizz, des prières (?). On passe un très bon moment qui nous permet de mieux appréhender le pays et de mieux comprendre l’hindouisme. Mais, comme dans tout dialogue avec un parti un peu trop nationaliste ou religieux, on a droit à quelques pépites se basant sur peu de faits historiques ou scientifiques. Voici les meilleures :
- L’eau du Gange est la plus pure du monde grâce à des micro-organismes mangeurs de bactéries nocives et la boire est totalement sain.
- Bouddha est en réalité une réincarnation de Vishnou, et toutes les religions sont en réalité l’hindouisme.
- Les hindous prennent extrêmement soin des animaux et de l’environnement (phrase entendue au milieu des vaches mangeant des détritus jetés par l’homme au sein d’un terrain où l’herbe ne pousse plus).
Bref, nous en avons quand même profité pour apprendre à faire un dahl et des rôtis (une sorte de naan, et non pas un rôti de porc) ! Notre séjour à New Delhi touche à sa fin et notre impression est mitigée. D’un côté les monuments historiques sont réellement magnifiques et valent le coup, de l’autre la ville est sale, bruyante et très polluée ce qui entache la découverte. Néanmoins, nous sommes ravis d’avoir pu expérimenter cette capitale qui attire autant qu’elle ne rebute.