Oulan-BATOR

L'heure du grand départ


Après avoir dû sécher les larmes de Juliette qui a vu Camille s’éloigner pour quelques mois, il est temps de préparer nos bagages pour le grand départ et de dire adieu à notre bilan carbone acceptable.

Réveil à 5 h 45 du matin pour aller jusqu’à l’aéroport d’Athènes avec 3 h 30 d’avance (autrement, Quentin risquait de faire une crise d’angoisse) et nous voici dans l’avion qui assure la correspondance jusqu’à Istanbul. Choqués par les prix indécents de la nourriture dans cet aéroport (8 € le pain au chocolat, 25 € le menu Burger King, encore pires que les prix pratiqués par Juliette chez Relay), nous sommes très heureux de profiter de poulet frit gratuit aux frais de Turkish Airlines à cause d’un retard.
Après 5 heures d’attente, nous voici dans notre second vol, cette fois-ci pour notre destination finale : Oulan-Bator ! Nous essayons tant bien que mal de dormir quelques heures puisque nous arriverons à 7h heure locale et que nous enchaînerons donc sur une journée complète afin de nous habituer au décalage.
Fatigués avec seulement 2 heures de sommeil, mais heureux d’être arrivés, nous rencontrons un autre couple de Français (de l’INSA Lyon) avec qui nous partageons un taxi jusqu’au centre-ville. Le voyage est très sympathique et nous permet d’avoir un premier aperçu du pays : on y voit des plaines et des collines à perte de vue, avec très peu d’habitants, mais beaucoup de chevaux et de yourtes (appelées Gers ici). C’est joli, mais déroutant.
Nous voici devant notre logement pour les trois prochaines nuits : une auberge de jeunesse à l’aspect délabré, fabriquée entièrement en bois, mal insonorisée et avec beaucoup trop de monde entassé pour seulement deux toilettes, dont une à la turque ! Tant pis pour le confort, cette auberge nous permettra de rencontrer un grand nombre de voyageurs, et d’observer à quel point nous sommes encore loin d’être de vrais baroudeurs : certains marchent de ville en ville, d’autres boivent l’eau des rivières, certains achètent des chevaux pour traverser le pays, etc. Malheureusement, on a l’impression que la plupart des gens sont déçus : la capitale n’aurait aucun intérêt (polluée, récente et peu de choses à faire) tandis que le reste du pays est inaccessible (peu de transports en commun) sans passer par des excursions très chères et hors de notre budget. Plutôt que d’entendre ça, nous décidons de nous forger notre propre avis et nous voici en route pour le centre ville : la place Chinggis (Gengis) Khan, le héros national.

Juliette dans l'avion avant même qu'il ne décolle

Nourriture et bouddhisme

Le temple Choijin Lama

La place est superbe, avec un très imposant monument en l’honneur de Gengis Khan et de sa descendance qui ont permis à la Mongolie de régner un jour sur le plus grand territoire contigu qu’ait jamais connu l’humanité (plus grand encore que l’empire romain). Par chance, nous arrivons en pleine foire composée de nombreux stands de nourriture mongole, coréenne et japonaise ainsi qu’une scène où se succèdent concours de nourriture, chants et danses. L’ambiance est vraiment top et nous donne envie de tester quelques plats. Il faut savoir beaucoup de personnes nous avaient alertés sur la cuisine mongole qui serait loin d’être exceptionnelle et composée quasi exclusivement de viande de mouton ou de cheval sous toutes ses formes et de produits laitiers (dédicace à Perrine et FX, qui nous avaient déjà très mal vendu le truc). On décide quand même de goûter une brochette de poisson et une sorte de pancake à la viande : ce n’est en effet pas exceptionnel mais ça se mange sans soucis, ouf ! Dans un parc, nous rencontrons un jeune Américain vivant depuis trois ans en Mongolie pour l’ambassade de son pays. L’échange est très intéressant, et il nous donne plein de conseils dont un que nous allons appliquer pendant nos trois jours ici : « Profitez de la cuisine étrangère pendant qu’il en est encore temps, quand vous quitterez Oulan-Bator, ça va être compliqué… »
Dans l’après-midi, nous allons visiter notre premier temple bouddhiste : Choijin Lama. Il s’agit d’un ancien temple ayant survécu à la période soviétique (où la majorité des temples ont été détruits) pour être transformé en musée. Cela nous permet d’en apprendre beaucoup plus sur le bouddhisme en Mongolie à travers de nombreuses sculptures et explications : le pays a longtemps vu cohabiter sa religion originelle chamanique et le bouddhisme tibétain jusqu’à ce que les cultes soient interdits par l’URSS. À l’indépendance du pays en 1991, la Mongolie a renoué ses liens avec le bouddhisme qui est la religion dominante aujourd’hui et pratiquée par une grande majorité de la population.
Morte de fatigue, Juliette commence à s’endormir sous prétexte de méditation et nous décidons donc de manger rapidement un plat coréen (sous les conseils de l’américain) avant d’aller nous coucher.

Un pays plein de surprises

Après une nuit de 12 heures pour Juliette (apparemment totalement insensible au décalage horaire), nous repartons en direction du centre-ville, et profitons une deuxième fois de la foire qui nous amuse beaucoup. Nous mangeons des petits plats japonais en observant un concours consistant à ingurgiter le plus rapidement possible une quantité astronomique de raviolis. Le gagnant, devenu un héros aux yeux de Quentin, anéantit la concurrence et en profite même pour provoquer ses adversaires et le public. Rien à dire, ce festival est un régal.

Abattus de devoir le quitter si vite, nous allons visiter le musée national. Il nous permettra d’en apprendre beaucoup sur le pays, et c’est un plaisir d’y passer 2 heures. Nous profitons des très nombreux guides français pour écouter « discrètement  » en faisant semblant de lire des écritaux en cyrillique. Pour résumer, le pays a toujours été de tradition nomade, jusqu’à ce que Gengis Khan parvienne à regrouper tous les peuples vers 1200, avant de conquérir un vaste territoire allant de l’actuelle Turquie jusqu’à la Corée du Sud, en passant par la Chine et la Russie. Quelques années après sa mort, l’empire se divisera et finira par se faire conquérir par la Chine, avant de passer quelques décennies sous domination soviétique pour finalement devenir indépendant et démocratique.
Aujourd’hui, le pays est en plein développement, et même s’il souffre encore de problèmes liés à sa croissance très récente (peu de routes, l’eau n’est pas potable partout, etc.), il nous paraît beaucoup plus riche que ce que nous imaginions, en tout cas pour sa capitale. Nous remarquons aussi l’influence énorme de la Corée du Sud et du Japon dans ce pays avec de très nombreux restaurants, un monopole de l’automobile, et aussi la culture (K-Pop, Mangas, etc.).

Après cette partie culturelle, nous profitons d’une glace mongole. L’américain nous les avait décrites comme « earthy », on comprend ce qu’il voulait dire : on dirait des glaces goût vache. Surprenant au départ mais on final, on s’y fait.
Juliette propose ensuite d’aller voir un spectacle recommandé par de nombreuses personnes qui raconte la Mongolie en musique et en danse. L’heure est passée extrêmement rapidement, et nous avons été conquis par le moment. Il nous aura permis d’entendre la plupart des instruments traditionnels, d’observer de superbes costumes, de découvrir le lien puissant du pays avec le cheval et enfin d’écouter en vrai un chanteur pratiquant le « throat singing » (comme les Harkonnen dans Dune). C’était très impressionnant et iconique.

Nous finissons notre journée dans un très bon restaurant chinois où nous goûtons le meilleur Mapo Tofu (meilleur que celui de Juliette, nous devons l’avouer) de notre vie, et à prix dérisoire en plus !

Intérieur d'une Ger

Beaucoup de temps pour méditer !

Pour notre dernière journée avant notre expérience de volontariat, notre planning est déjà prêt : visite de trois temples bouddhistes, balade dans le marché ouvert de la ville et 13 km de marche…
En effet, il n’est pas facile de se déplacer dans la ville : Oulan-Bator s’est construite rapidement et, avec l’important exode rural de ces dernières années, les transports publics sont bondés et la circulation est devenue extrêmement compliquée (nous le vivrons d’ailleurs au moment de quitter la ville). Se déplacer à pied est donc bien souvent plus rapide, même quand il s’agit de longs trajets comme aujourd’hui avec au total 2 h 30 de marche pour naviguer entre tous les sites… Au moins, cela permet de bien s’imprégner de la ville !
Le premier monastère n’est pas le plus réputé de la ville mais nous étonne par sa forme : la même que les yourtes mongoles. On a un peu peur de rentrer dans les temples où des moines sont en pleine consultation mais on comprend rapidement que tout le monde est très accueillant et nous voilà en train de circuler (toujours dans le sens des aiguilles d’une montre !) dans la Ger.

Nous partons maintenant en direction de notre deuxième arrêt, il nous permet de voir les côtés un peu moins riches de la ville considérés un peu comme les bidonvilles de la capitale, il s’agit en réalité de camps de yourtes, cela reste beaucoup plus propre que ce à quoi on s’attendait. Nous voici devant le monastère principal de la ville composé de nombreux temples et habité par des centaines de moines. Nous naviguons avec plaisir entre les hordes de touristes coréens pour arriver jusqu’à la pièce maîtresse : une impressionnante statue du plus vénéré bodhisattva (Avalokiteshvara) de 26 mètres de haut. On reste encore quelques minutes à s’émerveiller dans le temple avant de partir dans la prochaine direction.

Après 1 h de marche, nous voici dans un nouveau monastère ayant tenu également lieu de palais royal jusqu’à l’arrivée des Soviétiques. Le musée est assez original : en effet, le palais d’hiver est de style européen, en particulier russe, et on y trouve à la fois des tenues royales et des animaux empaillés. Quelques informations permettent d’en apprendre plus sur l’histoire du pays.
Étant maintenant bien fatigués après toute cette culture amassée en quelques heures ainsi que les heures de marche, nous partons maintenant en direction du plus grand marché de la ville. L’endroit est rempli de monde, mais étonnamment très peu d’étrangers. Pour ceux n’ayant jamais fréquenté ce genre de marché asiatique, cela est très similaire à un souk, sauf qu’on est beaucoup moins harcelé, et qu’on y trouve autant de l’artisanat que des lave-linge ou de fausses lunettes de soleil Louis Vuitton (Quentin en profitera d’ailleurs bien après s’être assis sur son ancienne paire). En tout cas, Juliette est aux anges et n’a même pas craqué malgré les centaines de commerces : quelle force d’esprit !
Il est maintenant temps de prendre un dernier petit repas et de préparer nos bagages pour notre prochaine étape : 1 semaine de volontariat dans une petite ville à l’ouest, à seulement 6 heures de bus : espérons que le voyage se déroule cette fois-ci sans accroc…

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