Pékin
Voyage sans fin pour Pékin
Après notre dernière petite journée à Ulan-Bator, nous voici dans notre train de nuit qui nous emmènera à la frontière chinoise. L’objectif est d’arriver au petit matin, traverser la frontière et ses contrôles à l’aide d’un bus et de partir pour Pékin d’une façon ou d’une autre. D’après des sources plus ou moins sûres dénichées sur des forums obscurs, il serait possible de prendre un taxi jusqu’à la capitale pour une quarantaine d’euros par personne malgré les 650 km. Espérons que ce soit le cas…
En attendant, nous voici dans un train tout droit sorti des meilleurs documentaires sur l’URSS, dans lequel les cabines de quatre lits se succèdent, où les toilettes donnent directement sur les rails et où l’on trouve encore des faucilles et des marteaux. La cabine est néanmoins plutôt cosy, et l’environnement est parfait pour une sympathique expérience. De plus, nos deux compagnons de cabine mongols ont l’air plutôt discrets, c’est déjà ça. On notera que notre voisine n’est pas venue les mains vides, et voilà qu’elle sort un poulet grillé de son sac à main, étonnant mais très appétissant.
Le voyage de 15 heures se déroule sans accroc, malgré une nuit peu reposante en raison du bruit et des mouvements.
À la gare, des gens nous accostent sans cesse en criant « China » ou « Erenhot », et nous proposent de nous emmener en « taxi » (aka leur voiture perso) de l’autre côté. Nous finissons par accepter et nous voici dans un van entouré de Mongols en direction de la Chine !
Plus on se rapproche du contrôle, plus Juliette se met à paniquer et voit sa vie défiler devant les yeux : « Est-ce qu’on a bien nos passeports ? », « Est-ce qu’ils vont demander nos billets d’avion ? », etc. On finit même par acheter un billet d’avion remboursable pour la rassurer. Une fois devant les agents, ceux-ci décideront de nous faire encore monter un petit peu le suspense au moment de regarder les visas. Nos passeports passeront de mains en mains, mais après la concertation de 4 douaniers, nous voici du côté chinois ! Alléluia !
Une fois déposés par notre « taxi » au milieu de nulle part, nous partons à la recherche de notre salut vers Pékin. Aucun taxi à l’horizon, nous partons donc en direction de la gare : prochain train le lendemain à 9 heures… Dernière chance : trouver un bus de dernière minute. Vers 12 heures, nous arrivons devant ce qui semble être une gare routière quand quelqu’un nous accoste en criant : « Beijing », voici notre sauveur ! On accepte sans hésiter nos billets pour le prochain bus à 14 heures. Après une petite collation fort sympathique où Juliette versera quelques larmes en découvrant son premier plat sans mouton depuis 3 semaines, nous rejoignons notre bus à la station. Un détail nous interpelle : le bus est rempli de couchettes et non sièges. Sachant qu’il est 14 heures et que la durée du trajet d’après Maps est de 6h30, on se dit qu’ils ont juste réquisitionné un bus de nuit. On monte quand même, mais dans le doute, Juliette pose la question à un chinois qui avait l’air assez jeune pour parler anglais. Voici que notre train n’arrive non pas à 20h30 comme calculé mais à 2 heures du matin ! C’est donc parti pour un deuxième trajet de nuit.
Le voyage se passe relativement bien excepté les pets, rots, ronflements, les chinois qui montent sur notre lit pour ouvrir la fenêtre ou encore un contrôle impromptu des passeports par la police vers 1 heure du matin. Toutes ces aventures n’empêcheront pas Juliette de dormir comme un bébé. Quentin se contentera quant à lui, de 10 minutes de sommeil …
Premiers pas dans Pékin
Le chauffeur étant assez gentil pour nous laisser finir notre nuit dans le bus jusqu’à l’ouverture des métros, nous partons en direction de notre hôtel dès 5 heures. On retrouve d’ailleurs le plaisir du métro à l’asiatique : propre, spacieux, rapide et pas cher.
Une fois arrivés devant notre hôtel, nous avons la surprise de découvrir qu’il se situe en plein « hutong », c’est-à-dire un quartier historique à l’architecture ancienne. En plus de cela, il est à quelques minutes de la Cité interdite : c’est un luxe dans une ville aussi grande que Pékin.
Après quelques minutes à dialoguer grâce à Google Traduction avec la dame au comptoir (les chinois parlent très peu anglais), nous finissons par déposer nos sacs pour aller nous promener en attendant que la chambre soit prête. Encore quelques heures à attendre avant de pouvoir prendre une douche (tant attendue par Juliette, ou faire une sieste dans le cas de Quentin)…
Se balader dans la ville en plein réveil est un vrai plaisir, et à chaque coin de rue, quelque chose attire notre attention. Tour de l’horloge, Cité interdite au loin, la colline de charbon, tout est grandiose et donne envie de s’y intéresser. On retrouve aussi quelque chose qui fait le charme des villes asiatiques : les papys et mamies qui s’étirent, font du tai-chi ou jouent au ping-pong dans la rue.
Après la sieste tant attendue, nous allons déguster notre vrai premier repas. En rentrant par hasard dans un mall, nous tombons sur un « food court » à l’asiatique qui nous rappelle nos meilleurs moments de Hong Kong. On y déguste deux soupes qui seront évidemment bien meilleures que le meilleur des plats mongols.
Au programme de l’après-midi : visite du Palais d’été, résidence estivale de l’impératrice Cixi, la plus célèbre des femmes chinoises, appelée l’impératrice dragon ici en l’honneur de son désir irrésistible de pouvoir.
Tous les endroits principaux de Pékin nécessitent une réservation, parfois plusieurs semaines à l’avance, et sur des applications rarement traduites. On remercie d’ailleurs bien Iris de nous avoir dégoté un bon nombre de billets, comme celui-ci.
L’endroit est une nouvelle fois gigantesque, et il est impossible d’en parcourir ne serait-ce que la moitié en un après-midi. On appréciera tout de même la vue du superbe temple bouddhiste qui surplombe l’endroit, ou bien le lac sur lequel voguent plein de petits bateaux.
En fin d’après-midi, nous allons faire un tour de l’ancien Palais d’été, aujourd’hui en ruines à cause des français et des anglais, qui l’ont détruit pendant les guerres de l’opium et où la nature a depuis repris ses droits : la végétation est omniprésente et plein de jolis canards s’y prélassent.
On finira la journée avec les yeux rouges de sommeil, les pieds en compote mais surtout notre record de pas : plus de 51 000 ! Woohoo !
La (très) Grande Muraille de Chine
Nourri à Kung-Fu Panda depuis sa tendre enfance, Quentin attendait grandement la visite de la plus grande construction de l’histoire de l’humanité. Le grand jour est arrivé ! Nous avons réservé une excursion à la journée pour un des points les plus connus de la muraille, mais pas le plus prisé des Chinois. On espère pouvoir ainsi profiter des lieux sans les hordes incessantes de touristes puisque le Palais d’été nous avait laissé une première impression pas très agréable à ce sujet. En effet, les touristes chinois ont la fâcheuse tendance à voyage en très grand groupe avec un guide portant un mégaphone à la main … De plus, les lieux sont souvent innondés de commerçants partageant cet amour de la cacophonie.
Une fois arrivés, nous sommes rassurés, le lieu semble plutôt calme, et on retrouve même beaucoup d’occidentaux. Le calcul est réussi, même si les pets de locaux vont un peu nous manquer …
Après une très longue montée à pieds (nous sommes évidemment bien trop radins pour prendre les télécabines), nous commençons la découverte de l’endroit (ou redécouverte dans le cas de Juliette, qui y est déjà allée une fois en hiver). Les paysages sont jolis, et c’est fascinant de voir la muraille serpenter dans les collines pleines de végétation. On comprend mieux pourquoi cette structure a pu faire renoncer plus d’un mongol à la conquête de la Chine. Malgré le caractère extraordinaire des lieux, la visite est un peu décevante : il n’y a en réalité qu’une une parcelle de « seulement » 5 km de visitable (le reste n’étant pas en état d’assurer la sécurité des touristes) et il est vraiment difficile de réaliser la grandeur du mur en raison des reliefs. On apprécie donc plus l’idée qu’une telle construction existe plutôt que la visite en elle-même. Nous sommes quand même très contents de cette expérience vraiment unique, même si nos jambes aimeraient bien qu’on les ménage un peu plus…
La Cité Interdite
Toute personne étant déjà allée à Pékin le sait déjà : y pénétrer est une vraie épreuve, et son nom ne démérite pas, même aujourd’hui. En effet, plus de 40 000 touristes y passent chaque jour, et les billets s’arrachent en quelques minutes une semaine à l’avance. Il faut donc se battre pour en avoir. Juliette n’ayant déjà pas pu la visiter la dernière fois pour cette raison, nous choisissons la sûreté en réservant une excursion avec un guide qui s’occupe de récupérer nos billets. Quelle bonne idée nous avons eu ici car le domaine est gigantesque, comme une ville dans la ville, et s’y déplacer sans carte est presque impossible. Nous sommes accompagnés par Lucy, une guide parlant dans un anglais impeccable et très reconnaissable par son petit étendard avec un panda trop mignon. Bien qu’essayant la plupart du temps de nous débrouiller avec nos petits guides du français moyen (Routard, Lonely Planet et bien évidemment les vidéos de Nota Bene), nous sommes très heureux d’avoir succombé à Lucy cette fois-ci. En effet, la culture chinoise nous est encore assez inconnue, et il est dur d’en profiter pleinement avec nos ressources. Surtout dans un tel endroit ayant vu 3 dynasties à cultures différentes se succéder : les mongols (dédicace à Tamir), les chinois et finalement les mandchous. On profitera évidement, tels de petits enfants dissipés, des quelques pauses pour goûter toutes les boissons chelou proposés dans la Cité: l’eau sucrée aura beaucoup plu à Juliette, plus par son bouchon rigolo que par son goût.
La place la plus surveillée du monde
Nous avions essayé de visiter la place Tian’anmen avant notre visite de la Cité Interdite, mais à la vue de la plus grande queue jamais connue par l’être humain (et ce, avec des places réservées), nous avions décidé de rebrousser chemin. Le cœur plein de déception, Quentin se consola en se convainquant que c’était mieux vis-à-vis de ses principes.
C’était sans compter sur Lucy, qui nous indique une entrée bien moins fréquentée. Nous décidons donc de retenter le coup. Après moult contrôles, la moitié de notre sac mis à la poubelle (dont des bâtons d’encens récupérés dans le temple des Lamas, probablement trop explosifs ?) et les principes de Quentin envolés, nous voici sur la place !
Sur la place, de gigantesques tours de caméras pour filmer tous les moindres faits et gestes, des soldats qui patrouillent ou encore des sortes de gardes du corps qui naviguent entre les passants.
Juste en face de nous se tient un gigantesque bâtiment avec une grandiose image de Mao Zedong (toujours héros national apparemment malgré l’histoire, c’est assez paradoxal) devant laquelle tout le monde se prend en selfie. D’un coup, on nous demande de quitter la place qui se vide en l’espace de quelques secondes. Tout le monde sort son téléphone alors nous faisons de même en espérant une visite innatendue de Xi Xinping ? En réalité, il s’agit de la cérémonie de baisse du drapeau national qui a lieu au coucher du soleil. Des milliers de gens se pressent pour observer ce moment. Il faut reconnaître que les gestes millimétrés des centaines de militaires ne manquent pas de panache. Avec son lourd passé et ses nombreux bâtiments de style soviétique, il est impossible de rester de marbre devant la plus grande place du monde (selon la Chine), et l’expérience est mémorable.
Un peu de paix dans ce monde
Pour le dernier jour, nous décidons de visiter un dernier monument plus gai : le Palais du Ciel (ou Palais du Paradis en traduction littérale). Il s’agit d’un vaste domaine de plusieurs centaines d’hectares où les empereurs chinois (des Ming et Qing) participaient à une cérémonie plusieurs fois par an dans le but d’accorder de bonnes récoltes dans leur royaume dans l’intimité la plus totale (le dirigeant devait même pratiquer un jeûne total de plusieurs jours). Bien que moins verdoyant et impressionnant que le Palais d’été, se balader dans le lieu est agréable lorsque l’on arrive à éviter les hordes de touristes. Quentin en profitera pour faire une petite sieste, jusqu’à ce que son oreiller (Juliette) se mette à bouger dans tous les sens pour éviter les moustiques qui l’attaquent par milliers. Il n’y a décidément jamais de paix dans ce monde…
En fin de journée et en attendant notre train de nuit partant à 23h45 (!), nous décidons d’aller voir un marché d’antiquités. On aimerait bien s’acheter une belle paire de baguettes qui nous tiendrait tout le voyage et qui nous éviterait de consommer des centaines de baguettes jetables. En effet, les restaurants préfèrent donner des baguettes non réutilisables plutôt que de laver les leurs. La mission se révélera un échec : il est en effet possible d’acheter des statues de plusieurs mètres ou des pierres mais apparemment pas de simples baguettes … Quentin finira tout de même pas jeter son dévolu sur un bracelet en véritable jade faite en plastique.
Se déplacer dans les allées est néanmoins un réel plaisir et fait toujours partie de nos moments préférés. Les étals sont remplis de petites merveilles et voir s’égosiller les marchands devant chaque client est une attraction en soi. Cela restera toujours une des choses que l’on préfère de la culture asiatique.
En parlant de culture asiatique, nous finissons notre journée en dégustant un burger au poulet avec des frites à 3 € par personne. À défaut d’avoir de la vraie viande, c’est une vraie affaire !
Arrivés repus sur le quai et fatigués de la vie éreintante pékinoise, nous voici impatients d’arriver à notre prochaine destination : Pingyao, un petit village de seulement 50 000 habitants au sein duquel on retrouve la citadelle chinoise la mieux conservée du pays ! De quoi se sentir un peu comme dans Mulan…